Voilà une bonne nouvelle pour les consommateurs à l’heure de la rentrée et de l’inflation. La Bretagne est la région la moins chère de France pour faire ses courses. C’est ce que viennent de montrer deux études publiées en août.
La première a été menée par BFMTV : pour un chariot de courses composé de 50 produits parmi les plus achetés par les consommateurs français, on paie, en Bretagne, 179 €. Le prix le plus bas. Car, en régions Auvergne-Rhône-Alpes ou Normandie, pour les mêmes produits, il faut débourser 183 € ; dans le Grand-Est, 181 € ; en Île-de-France, 185 € et dans la région Paca, 187 €.
2 Les Côtes-d’Armor, département le moins cher
La seconde étude, celle d’Olivier Dauvers, vient confirmer ce constat, mais de manière plus fine. « Les quatre départements de la région sont tous dans le quintile des magasins les plus compétitifs de France », écrit le journaliste spécialiste de la conso. Et mieux encore : « Les Côtes-d’Armor sont le temple des économies ». En imaginant un panier moyen français de 100 €, on paierait ses courses 95,90 € dans ce département. Imbattable.
Ici, les « prix sont 4 % inférieurs à la moyenne française ! », s’enthousiasme l’auteur, qui s’est basé sur les chiffres du drive des hypers, des supers et des supérettes. Peu ? Si on compare, cette fois, les prix des Côtes-d’Armor avec ceux du département le plus cher de France – à savoir Paris – la différence s’élève à… 22 %. De sacrées économies.
À noter que, dans le Finistère, on paierait 97,80 €, ce qui permet à ce territoire d’apparaître à la huitième place du top 10 des départements les moins chers de France.
Quelques euros de différence : un coup de chance pour la pointe bretonne ? Non, ce constat est durable. Sur les neuf relevés de prix menés par BFMTV sur son panier, entre mai et août 2023, la région Bretagne se positionne cinq fois à la première ou deuxième place des territoires les moins chers sur le prix des courses (alimentaires ou non). Il y a des raisons à cela.
3 Le coût de l’immobilier commercial
Pour les magasins, « les coûts d’exploitation sont souvent supérieurs là où le foncier est cher, écrit Olivier Dauvers. Avec, en conséquence, un effet format : davantage de petits magasins se développeront dans les (zones au foncier élevé) ». Avec un prix du mètre carré bien moins élevé qu’à Lyon, Nice ou Cannes, Brest ou Lannion tirent leur épingle du jeu. Les enseignes peuvent plus facilement acquérir une plus grande surface commerciale, rendant le coût d’exploitation moindre, ce qui permet de faire baisser les prix.
Et on le voit : avec les Pays de la Loire, notre région est la championne des hypermarchés. On en comptait 580 en 2020. À l’inverse, on compte peu de Monoprix et aucun Franprix, des magasins de taille plus modeste, sur notre territoire.
4 De grandes enseignes de prix cassés
Si le grand Ouest demeure une zone ultra-compétitive sur les courses, c’est en raison de ces enseignes. De grands distributeurs sont nés sur son territoire et s’y livrent une bataille féroce, plus qu’ailleurs : Leclerc (on en compte 59 en Bretagne) est né à Landerneau (29), Super U (130) à Savenay, en Loire-Atlantique, et Intermarché (172) a très vite conquis la Bretagne à sa création, en partant du Morbihan.
Les trois revendiquent une politique de prix bas : « Défendre tout ce qui compte pour vous » est le slogan de Leclerc, « Tous unis contre la vie chère » est celui d’Intermarché. Début 2022, UFC-Que choisir établissait que le ticket de caisse dans un hyper du distributeur Leclerc s’élevait à 348 euros en moyenne, soit entre 8 et 60 euros de moins que la concurrence. Une bataille de l’image-prix que E. Leclerc parvient à gagner lors de négociations commerciales décrites comme très tendues avec les industriels.
5 Le jeu de la concurrence
« Trois enseignes d’indépendants », souligne Olivier Dauvers. Cela a son importance : ces derniers sont alors plus enclins à se livrer à une guerre des prix. Et cela est d’autant plus nécessaire que, si l’un d’eux casse les tarifs, il oblige les distributeurs concurrents à s’aligner, et donc à tirer le ticket de caisse final à la baisse. Au bénéfice du consommateur… mais pas forcément à celui du producteur.
6 Des usines toutes proches
Si le Breton paie moins cher ses produits, c’est aussi parce que les distributeurs ont fait le choix d’usines se trouvant en terres bretonnes, ce qui permet de faire des économies sur les frais de transport et se répercute sur le prix final. Intermarché a fondé sa stratégie sur ce créneau : en 2015, l’enseigne disposait de 30 usines dans la région (Jean Rozé, Keranna, Capitaine Cook…). Pareil pour Leclerc : il s’approvisionne directement auprès des producteurs.
7 Un opportunisme local
Enfin, « si un supermarché est cher, c’est parce que les clients y sont moins sensibles au prix que dans un autre territoire, sourit Olivier Dauvers. Ça s’appelle… l’adaptation locale. » Avec un passage à la caisse moins douloureux qu’ailleurs, le Breton serait-il plus sensible aux prix de ses achats ?
Cela ne serait pas étonnant : il y a encore quelques années, son niveau de vie était légèrement inférieur à celui observé en France métropolitaine. En 2017, le revenu disponible médian y était de 21 060 €, contre 21 110 € pour la moyenne nationale. Cela s’est inversé depuis mais cet héritage perdure, ce qui peut expliquer pourquoi les supermarchés ont adapté leurs prix aux spécificités bretonnes.
8 Une médaille également pour les carburants
La Bretagne est également la région où l’on paie le moins cher son carburant, selon le site Essence pas chère. Prenons le gazole par exemple : le Finistère est le deuxième département où son prix est le moins cher (1,827 €/L en moyenne) ; la Loire-Atlantique, troisième (1,833 €/L) ; l’Ille-et-Vilaine, cinquième (1,836 €/L) ; les Côtes-d’Armor, sixième (1,839 €/L) et le Morbihan, septième (1,840 €/L). Pareil pour l’essence E10 : les cinq départements se retrouvent tous dans le Top 10.
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