, Michelin : Un grand silence puis la colère… A Cholet et Vannes, les fermetures d’usines ne passent pas

L’annonce de la fermeture de l’usine a été accueillie « par un grand silence ». Peu importent les mots choisis par la directrice de l’usine Michelin de Vannes (Morbihan), la réaction des 299 salariés de ce site du géant français du pneumatique aurait sans doute été la même. Sonnés, les employés sacrifiés n’ont d’abord pas su quoi dire face à cette annonce qu’ils redoutaient. « Tout le monde accuse le coup », témoignait Eric Boisgard, salarié depuis 2004 et ancien délégué syndical CGT. A Cholet, où l’usine fait travailler près d’un millier de personnes, l’ambiance était plus électrique. « Ils ont mis les 900 salariés dans une salle comme des vaches à l’abattoir et annoncé que c’était fini », a décrit Morgane Royer, salariée depuis « bientôt dix ans » chez Michelin et déléguée syndicale Sud.

Dans le Morbihan comme dans le Maine-et-Loire, la fermeture des usines et les 1.200 emplois sacrifiés ne passent pas. A Cholet, la grève a été votée dès mardi et des pneus ont été brûlés devant le site du Bibendum. Ici, on fabrique des pneus pour camionnettes. Un secteur qui s’est effondré selon l’équipementier automobile. « C’est l’effondrement de l’activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin », avait promis le PDG de Michelin Florent Menegaux. Son entreprise traverse une année difficile avec le ralentissement du marché des véhicules neufs et la concurrence asiatique.

Si la décision était « inéluctable » selon la direction, elle n’est clairement pas digérée par les salariés, qui devraient perdre leur poste avant 2026. « Aujourd’hui, on ferme deux sites et on met plus de 1.200 salariés au chômage pour que Michelin fasse plus de bénéfices et donne plus de dividendes à ses actionnaires », a protesté le délégué syndical central CGT Romain Baciak. Michelin avait déjà fortement réduit son empreinte en France, son premier pays. Avec Poitiers, Toul, Joué-lès-Tours et La Roche-sur-Yon, il aura fermé six usines en vingt ans.

Où est passé l’argent public ?

Au-delà des seuls salariés concernés, ce sont aussi les politiques qui ont réagi à ces annonces et notamment Michel Barnier. A l’Assemblée nationale, le Premier ministre a insisté pour « savoir ce qu’on a fait dans ces groupes de l’argent public qu’on leur a donné », évoquant Michelin et Auchan. Michelin a indiqué avoir perçu 42 millions d’euros au titre du crédit d’impôt recherche (CIR) en 2023, ce qui lui a permis de financer des chercheurs compétitifs et de consolider son centre mondial de R & D en France.

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Le président de la région Bretagne Loïg Chesnais-Girard a dénoncé une décision « brutale ». « Je souhaite que le groupe Michelin assume toutes ses responsabilités », a-t-il écrit. La députée du Morbihan Anne Le Henanff a quant à elle assuré que « jusqu’à la dernière minute nous avons eu espoir que l’on puisse faire fonctionner l’usine » de Vannes. L’espoir est désormais éteint. Mais pas la colère.

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